Proche aidance : Manon, la proche aidante de sa mère Gisèle
Découvrez l’histoire de Manon, la proche aidante de sa mère Gisèle
Malgré les nombreux défis qui ont parsemé sa route, le regard de Manon s’éclaire spontanément lorsqu’elle parle de sa mère Gisèle, décédée en février 2023. En effet, sa résilience quotidienne lui a permis de mettre les journées les plus difficiles de côté afin de laisser les moments les plus heureux façonner ses souvenirs.
Lumière sur le parcours d’une femme dévouée qui ne regrettera jamais d’avoir assumé le rôle de proche aidante, et ce, jusqu’au dernier souffle de Gisèle.
Chef de famille
Manon et sa sœur Annie, de cinq ans sa cadette, ont perdu leur père alors qu’elles étaient toutes jeunes. À cette époque, leur mère était très en forme physiquement : elle possédait 150 plants de tomates, préparait ses conserves et cuisinait comme un vrai cordon-bleu. « En revanche, elle restait très dépendante de son mari. Elle n’avait même pas de compte à la caisse populaire! C’est pourquoi, quand mon père est mort, je suis devenue proche aidante de ma mère sur le plan financier. »
Quand les premiers signes ne trompent pas
En 2006, Manon, qui est infirmière de profession, a commencé à s’inquiéter des récentes pertes de mémoire et de la difficulté de sa mère à s’organiser. Auparavant reine du ménage et de la cuisine, Gisèle avait de plus en plus de mal à assumer ses tâches de la vie quotidienne. « On a fait plusieurs tentatives pour l’amener voir le médecin. Un jour, je lui ai dit : il existe des médicaments qui t’offriraient de vivre quelques bonnes années supplémentaires. C’est à ce moment-là qu’elle a accepté d’aller consulter. » Par la suite, des tests cognitifs ont permis de poser un diagnostic de démence avec Alzheimer. « Gisèle habitait alors à son domicile. On a commencé, ma sœur et moi, à s’impliquer plus intensément, que ce soit pour les rendez-vous de suivis, la médication et la popote. C’est là où j’ai compris qu’on assumait un rôle de proches aidantes. En plus d’être mère de trois ados, j’étais devenue la mère de ma propre mère ».
Sauvées par l’humour
La maladie de Gisèle a poussé les deux sœurs à se rapprocher. Ensemble, elles ont trouvé des stratégies afin de dédramatiser la situation. « Au début, quand on allait chez elle et qu’elle nous offrait des pantoufles, on déclinait. Elle pouvait nous poser la question une vingtaine de fois, ça demandait beaucoup de patience. Un moment donné, ma sœur et moi on s’est dit : notre mère radote ; en revanche, nous, on est entêtées ! Pourquoi on ne les mets pas, les pantoufles ? On a beaucoup ri! ». Le fait d’être deux alliées pour veiller aux bons soins de Gisèle les a aussi aidé à assumer plus sereinement leur rôle de proche aidante. « Après quelques années passées dans sa maison, ma mère est allée vivre en ressource d’hébergement. Annie et moi, on allait la visiter ensemble, pour que ce soit moins lourd. Après, on allait manger au restaurant toutes les deux. »
Des apprentissages à partager
L’histoire de Manon est parsemée de défis. Pour assumer ce rôle sans totalement s’oublier, elle conseille aux personnes proches aidantes de mettre leurs limites. « On ne porte pas le poids de la terre sur nos épaules : il y a des professionnels et des ressources pour nous aider. » Celle-ci trouve également important d’entreprendre une conversation franche avec son proche, et ce, dès que les premiers signes de limitation sur le plan physique et cognitif apparaissent. « Il faut savoir profiter des belles journées, et oublier les mauvaises le plus rapidement possible. Après tout, le rôle de personne proche aidante n’est pas juste pénible. Je n’ai aucun regret, on a accompagné notre mère du mieux qu’on a pu. J’ai fait ce qu’elle aurait fait, elle aussi, pour moi. »
Gisèle est décédée en février 2023, mais a toujours une place bien spéciale dans le cœur de Manon, dont la fille s’est tout récemment mariée.
« Maman aimait tellement se mettre belle pour ce genre d’événement là. Je suis certaine qu’elle était présente, qu’elle est venue nous faire un petit coucou. »
Soutien offert aux personnes aidantes
Si vous êtes, comme Manon, une personne proche aidante, n’hésitez pas à recourir aux ressources d’aide à votre portée. Être bien entouré vous permettra de mieux aider!
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Au Québec, bien qu’une personne sur quatre soit une personne proche aidante, nombreuses sont celles qui ne se reconnaissent pas dans ce rôle. Savoir se reconnaître est souvent l’élément déclencheur permettant de mieux comprendre les répercussions de cette expérience dans sa vie et de s’ouvrir au soutien offert.
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