Les leçons de vie d’une triple proche aidante

Découvrez l’histoire de Martine Vézina qui accompagne à la fois ses parents, son conjoint et sa fille

Martine Vézina soutient, depuis plusieurs années, ses parents vieillissants. Avec l’aide de ses frères et sœurs, elle pallie leur perte d’autonomie. Cette responsabilité, qui représente pour elle le simple cours de la vie, s’est définie tout en douceur. En revanche, il lui a pris davantage de temps pour réaliser qu’elle assumait aussi un rôle de proche aidante auprès de son conjoint malade et de sa fille qui vit avec une déficience intellectuelle.

Voici donc sa perception de cette implication exigeante, certes, mais également très riche en apprentissages.

Des mots qui raisonnent

C’est en prenant connaissance de la définition de la proche aidance que Martine a réalisé qu’elle assumait ce rôle auprès de son conjoint et de sa fille âgée de 40 ans, et ce, même s’il s’agit de membres de sa propre famille. « J’ai saisi l’ampleur de cette responsabilité lorsque j’ai pris conscience que si je n’étais pas là, quelqu’un d’autre devrait prendre ma relève. » À cet égard, Martine rêve d’ailleurs parfois de prendre de longues vacances, loin de cette lourdeur qui pèse sur son quotidien. Heureusement, elle a su faire de plus en plus de place au lâcher-prise dans sa vie.

« Avec mon conjoint, je tente de demeurer ancrée dans le moment présent, de respecter mes limites, de prendre soin de moi et d’accepter sa reconnaissance. » Sa fille Andréanne, quant à elle, représente pour Martine un véritable modèle de non-jugement, d’amour de soi et des autres.

« J’apprends tellement à ses côtés, c’est un cadeau précieux ! »

Des choix déchirants, de magnifiques opportunités

Face à ses multiples responsabilités, Martine a dû renoncer à des perspectives d’emploi à l’extérieur de son domicile. La complexité de trouver une personne pour prendre soin de sa fille, ajoutée à la fatigue qui s’accumule au fil des années, l’ont amenée à développer sa propre entreprise, qu’elle gère à partir de la maison. « Je crée des livres pour enfants afin de les sensibiliser à la différence et les outiller à mieux gérer leurs émotions. C’est beaucoup moins payant, mais aussi moins stressant et plus flexible. » Martine se sert donc de son vécu, à travers ses bouquins, pour aider. « Je n’aurais pas osé écrire des livres si je n’avais pas eu Andréanne, car j’étais auparavant très timide. Cependant, j’ai dû régulièrement défoncer des portes pour que ma fille puisse se faire respecter et obtenir le soutien dont elle avait besoin. Elle m’a donc vraiment amenée à me dépasser ! » Martine a même organisé un spectacle mettant en scène des gens entre 11 et 77 ans, certains ayant une déficience intellectuelle et d’autres non, pour sensibiliser la population face à la différence. « Je n’aurais jamais cru pouvoir faire ça un jour ! »

Enfants aidants

Hormis Andréanne, Martine a d’autres enfants qui ont, eux aussi, dû composer avec la réalité de proche aidante de leur mère, mais également avec les défis liés à leur propre rôle. C’est le cas de Gabriel, qui a, au fil du temps, pris conscience de toute l’énergie investie par ses parents pour prendre soin de sa grande sœur. « On essaye de leur donner des pauses, des petits moments de répits. Ils ne seront toutefois jamais suffisants à nos yeux, parce qu’on sait comment se déroule le quotidien. On tente tout de même de continuer à aider, et surtout, à garder ce lien dont on réalise l’importance maintenant. » Cela dit, Gabriel parle de sa grande sœur, pour qui les émotions sont empreintes d’une authenticité sans limite, avec amour et même avec admiration. « Je me demande si au bout du compte, ce n’est pas elle qui m’a apporté son aide beaucoup plus que je ne pourrai jamais le faire pour elle. »

Prendre du temps pour soi

Aujourd’hui, Andréanne fréquente l’Association des personnes handicapées de la MRC de Bécancour (APHMRCB). Grâce au programme Maintien à domicile pour personnes handicapées (MDPH), au soutien du CIUSSS MCQ et aux services de répit dont elle bénéficie une fin de semaine par mois, Martine peut quant à elle mettre ses inquiétudes de côté et prendre du temps pour elle. « C’est une vraie bénédiction ! D’ailleurs, si c’était à recommencer, j’utiliserais les services offerts par le CIUSSS MCQ beaucoup plus tôt. Si jeunesse savait, comme on dit ! » Sur le plan personnel, Martine adore la lecture. Il s’agit de son moyen d’évasion et de ressourcement préféré, accessible en tout temps et en tout lieu. « La dépense d’énergie physique me fait toujours un grand bien, c’est pourquoi la marche fait partie de mes activités régulières. »

Face à son entourage, Martine ne demande qu’à être écoutée au besoin. « Je ne souhaite pas qu’on me dise que j’en fais trop, que je devrais placer ma fille, que je devrais me reposer plus souvent. Ce que je demande à mes proches, c’est tout simplement de respecter mes choix, sans jugement. Je veux pouvoir compter sur une oreille attentive et compréhensive pour déverser mon trop-plein de temps en temps ! 

Soutien offert aux personnes aidantes 

Si vous êtes, comme Martine, une personne proche aidante, n’hésitez pas à recourir aux ressources d’aide à votre portée. Être bien entouré vous permettra de mieux aider!

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Au Québec, bien qu’une personne sur quatre soit une personne proche aidante, nombreuses sont celles qui ne se reconnaissent pas dans ce rôle. Savoir se reconnaître est souvent l’élément déclencheur permettant de mieux comprendre les répercussions de cette expérience dans sa vie et de s’ouvrir au soutien offert.

Découvrez si l’aide que vous apportez à un proche est de la proche aidance grâce au questionnaire Suis-je une personne proche aidante?.